
Parlez-nous de votre personnage, Jarvis...
Jarvis est le bras droit de Clu 2.0, le programme qui est l'alter-ego virtuel de Kevin Flynn. On pourrait dire que je suis l'assistant du type le plus redoutable de cet univers. Je suis aussi le chef de sa police secrète. Mais malheureusement, je suis aussi tellement inefficace que je passe le plus clair de mon temps à éviter d'être tué, à cause d'erreurs flagrantes que j'ai commises ! (rires) De ce fait, c'était vraiment un rôle très amusant à jouer, un rôle qui m'a immédiatement attiré et qui m'a donné envie de participer à ce projet. Sans même parler du fait que le film était la suite d'un de mes films-cultes, TRON !
Comment Joseph Kosinski vous a t'il décrit sa vision du film, et sa vision de votre personnage ?
Il m'a décrit le film essentiellement en me montrant les dessins préparatoires et la superbe bande-demo qu'il avait réalisée. J'ai beaucoup aimé sa manière de moderniser le monde de TRON en employant un design sobre et élégant. Et l'histoire est très intéressante. En ce qui concerne mon personnage, tout était déjà contenu dans le script. Mais dès que j'avais une question, Joseph me répondait toujours très clairement. Il savait exactement quel était le potentiel de Jarvis en tant que personnage, et avait beaucoup d'idées sur la meilleure manière de le faire intervenir. De ce fait, interpréter ce rôle a été toujours agréable, malgré les quelques contraintes techniques du tournage.
A propos de contraintes, votre costume était-il facile à porter ?
Comme tous mes collègues acteurs, je portais un costume très ajusté, superbement bien fait, mais un peu fragile. Il fallait garder cela en tête pendant que nous jouions, et aussi pendant les pauses entre deux plans. Comme les costumes sont très tendus sur le corps, et décorés avec des volumes en mousse de latex, nous ne pouvions pas nous asseoir sans risquer de les abîmer. Il fallait protéger aussi les branchements électriques des bandes lumineuses. Du coup, la production avait prévu des supports sur lesquels nous pouvions nous reposer en position semi-inclinée. C'était un spectacle un peu étrange de nous voir attendre comme cela, comme si nous étions des mannequins entreposés contre un mur, que l'on s'apprêtait à transporter ailleurs ! (rires)
Vous avez eu l'occasion de tourner de nombreuses scènes avec Jeff Bridges, qui joue le double rôle de Kevin Flynn et de Clu 2.0, votre chef... Pourriez-vous nous parler du processus de tournage de ces séquences ?
Volontiers. Toutes les scènes entre Clu 2.0 et Jarvis ont été filmées de la même manière. Je tournais d'abord avec Jeff, qui avait des points dessinés sur le visage, puis juste après avec un autre acteur qui était sa doublure corps et qui portait un de ces costumes auto-éclairés dont nous venons de parler. C'était extraordinairement bizarre, car après avoir tourné plusieurs fois les deux versions d'une scène, avec Jeff, puis avec sa doublure, il était très difficile d'imaginer ce qu'allait donner le résultat final. Le processus avait tendance à m'empêcher d'avoir une vision d'ensemble. Mais je savourais le plaisir de jouer avec Jeff Bridges, qui est un acteur phénoménal, car j'étais conscient d'avoir la chance de vivre un grand privilège.
En tant que fan du TRON de 1982, comment décririez-vous aux aficionados du film original ce qui devrait leur plaire dans TRON L'HÉRITAGE ?
Je leur dirai d'abord que la suite de TRON est entre de très bonnes mains, mais cela, je crois qu'ils l'ont immédiatement compris en voyant sur le web la formidable bande-test du projet, réalisée par Joseph Kosinski. Joseph s'est investi à 130% dans tous les aspects du projet, et en dépit des innombrables difficultés techniques à résoudre, il s'est toujours focalisé sur l'histoire et sur les relations humaines du récit. En lisant le script, dans la création duquel Joseph s'est énormément investi, en bénéficiant de l'aide de Steven Lisberger, l'auteur et le réalisateur du TRON de 1982, on sentait déjà que l'histoire était très bien conçue, efficace, et possédait un fort potentiel dramatique. Personnellement, en lisant le script la première fois, je souriais tout le temps ! C'était évident que l'équipe qui avait écrit le scénario avait non seulement parfaitement compris tout ce qui faisait le charme du film original, mais avait aussi trouvé les bons moyens de le réactualiser et de justifier l'existence d'un nouveau chapitre de cette saga.
Comment Joseph Kosinski vous dirigeait-il pendant le tournage ?
Joseph était extrêmement vigilant pendant que nous jouions. Il cherchait toujours à amplifier les petits détails humains qui sonnaient juste, les petites caractéristiques des uns et des autres, exactement comme un metteur en scène de théâtre peut le faire en travaillent un rôle avec un acteur. C'est grâce à cela que je me suis senti particulièrement à l'aise pour composer le personnage de Jarvis, qui a de nombreuses faiblesses humaines, même si au fond, il s'agit juste d'un programme qui vit dans un réseau informatique.
Quels sont les souvenirs les plus marquants que vous garderez du tournage de TRON L'HÉRITAGE ?
En tant qu'acteur, ce seront certainement les scènes joués avec Jeff Bridges, et les moments que nous avons passés à discuter en marge du tournage. C'est un homme formidable. En tant que fan de TRON, j'ai été ravi de rencontrer Steven Lisberger, qui est très sympathique et qui a des idées fascinantes. Et en tant que fan de Daft Punk, je dois avouer que j'ai complètement perdu mes moyens quand les deux musiciens du film sont venus jouer une scène avec Michael Sheen dans le décor de la boîte de nuit. J'étais catatonique ! Tout ce que je pouvais dire, c'est « Mon dieu, ils sont là, devant moi, sur le plateau. » (rires) J'ai mis un certain temps à me remettre de ce choc. Et quel plaisir d'entendre les thèmes musicaux qu'ils avaient composés pendant le tournage ! C'était tellement évident que c'était eux et eux seuls qui devaient composer la musique du film...Je me souviens que pendant la conférence du Comicon, une personne de l'assistance s'est levée et a demandé « Pourquoi avez-vous choisi Daft Punk ? ». J'avais envie de lui dire « Et pourquoi posez-vous une question dont la réponse est si évidente ?! » (rires) C'est un choix absolument parfait, parce que Daft Punk représente ce qui se fait de mieux en musique électronique !
Après l'entretien avec James Frain, voici celui avec Beau Garrett :

Connaissiez-vous l'univers de TRON avant que l'on vous propose de jouer dans TRON L'HÉRITAGE ?
Il faut que je vous avoue une chose terrible : il se trouve que je suis née en 1982, l'année de la sortie du film, et que je ne l'ai pas vu en vidéo pendant mon enfance. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, car mes parents m'avaient acheté beaucoup d'autres films Disney en vidéo. Mais comme tout le monde, j'avais eu l'occasion d'en apercevoir des extraits ou des photos. Je savais que le film existait.
Avez-vous visionné TRON lorsqu'on vous a proposé de jouer dans TRON L'HÉRITAGE ?
Non. Cela va peut-être vous surprendre, mais j'ai préféré ne pas voir le film original, pour ne pas être influencé par lui, étant donné que l'action de ce nouvel épisode se déroule dans un univers très différent, et que mon personnage, Gem, n'est pas sensé connaître les évènements qui se sont déroulés auparavant.
Vous vous êtes donc concentrée sur le nouveau script...
Exactement. Mais j'ai découvert ce nouvel univers en deux étapes. Après avoir été contactée par la production, j'ai eu le plaisir que Joseph Kosinski, le réalisateur, prenne sur son temps pour me rencontrer et me présenter son travail préparatoire. Ne connaissant rien de l'histoire, j'ai donc pu absorber uniquement ce que Joe m'a raconté et montré lors de ce premier rendez-vous. Et je dois dire que j'ai été époustouflée. Comme vous avez pu le voir si vous avez fait un tour sur son site web, il a un talent artistique exceptionnel pour composer des images, et il fait appel à des designers extrêmement doués pour imaginer tout ce qui constitue le monde virtuel du réseau. J'ai trouvé les illustrations des costumes, des décors, de nouveaux véhicules et des scènes absolument superbes. Je me souviens en particulier des dessins du repaire de Fynn, et de toute l'énergie qui se dégageait de cette présentation artistique. La bande démo du projet était superbe elle aussi. J'ai été tellement impressionnée que j'ai immédiatement accepté de participer au film, car je savais que ce serait un projet très ambitieux.
Que pouvez-vous nous dire sur le personnage que vous incarnez ?
Gem fait partie d'une caste du monde du réseau qui s'appelle les sirènes. C'est un être mystérieux, qui fait partie du système établi par le personnage de Clu 2.0. Clu 2.0 est le programme créé jadis par Kevin Flynn, que joue Jeff Bridges, pour diriger le réseau, mais il a peu à peu pris de l'indépendance vis à vis de son créateur et s'est rebellé contre lui, en le piégeant dans le monde virtuel. C'est ainsi que Flynn a disparu du monde réel 17 ans plus tôt, sans laisser de traces, au grand désespoir de son fils Sam. Gem fait partie des gens qui obéissent à Clu 2.0, tout en gardant une certaine distance. On la découvre pour la première fois quand Sam Flynn, parti à la recherche de son père, se retrouve aussi malgré lui aspiré dans le monde du réseau. Il est capturé, transporté dans un vaisseau de reconnaissance, et on l'amène dans un lieu où l'équipe de quatre sirènes dont je fais partie émerge des murs, le débarrasse de ses vêtements, et créé sur lui sa tenue de combattant, car peu après, il va être jeté dans l'arène pour participer à un jeu vidéo grandeur nature dans lequel il risque sa vie... Mais en le voyant, Gem sent tout de suite que Sam n'est pas un habitant « comme les autres » du réseau. Les programmes « sentent » la proximité d'un créateur de logiciels quant ils en côtoient un. Ils les considèrent comme des dieux, puisqu'ils sont capables de les créer et de les faire vivre.
Votre personnage porte un costume extrêmement ajusté, qui n'a pas dû être simple à fabriquer, ni à porter pendant le tournage...
Oui. Même si j'avais vu les esquisses de la tenue de Gem, je ne savais pas trop à quoi m'attendre quand je suis arrivée sur le tournage au Canada, à Vancouver. Les essais de costume ont été tellement minutieux que j'avais l'impression que l'on allait me demander à nouveau d'aller sur le podium d'un défilé de haute couture ! (Beau Garrett a été top model avant de devenir actrice, NDLR.) La tenue de Gem est tellement ajustée que le simple fait de la revêtir devenait toute une aventure !
De combien d'habilleuses disposiez-vous pour vous aider ?
Elles étaient quatre, et malgré cela, c'était tout de même long et difficile. Le costume est fait de plusieurs couches, et il contient aussi un réseau de fils électriques et des batteries qui permettent aux bandes lumineuses de s'éclairer. C'est d'ailleurs la première fois que l'on utilise ces matériaux lumineux au cinéma. Je crois qu'avant de tourner la scène de l'arrivée de Sam, qui est incarné par Garrett Hedlund, nous avons bien passé quatre heures à préparer mon maquillage, ma coiffure, puis à m'habiller. Et comme nous étions quatre sirènes dans cette scène, même si cette préparation se faisait en parallèle, avec quatre équipes d'habilleuses pour les quatre actrices, cela a pris un temps fou. Joseph piétinait en attendant sur le plateau... Mais une fois que je portais mon costume, et que l'éclairage s'allumait – ce qui était vraiment magique – je devenais quelqu'un d'autre. Je me sentais dans un autre monde, portée par une autre énergie. Cette tenue m'obligeait aussi à me tenir d'une certaine façon, à bouger et à marcher différemment, sur ces très hauts talons. J'avais l'impression d'être réellement dotée de nouveaux pouvoirs. Ce n'était pas une tenue ni des chaussures confortables mais cela n'avait aucune importance. C'était un sentiment incroyable...
Combien de temps a duré le tournage de cette fameuse scène de l'arrivée de Sam ?
Toute une journée, car les quatre sirènes qui émergent des murs devaient bouger de façon synchrone. On nous indiquait un tempo sonore pour que nous marchions au pas sur la même cadence. La difficulté, c'était de réussir à gravir les marches du petit escalier du décor sans glisser ni tomber. Il fallait bien coordonner nos gestes et avoir un air assuré. Cela a pris forcément du temps, mais nous avons fini par arriver au résultat souhaité, et la scène est assez étonnante.
Quel souvenir garderez-vous de ce tournage ?
Se retrouver sur le plateau du film, dans ces costumes incroyables, et jouer pendant que Joseph nous faisait écouter la musique du film composée par Daft Punk était en soi une expérience inoubliable !
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